Parmi tous les petits films musicaux que nous avons tournés pour l’intégrale Fauré de Lucas Debargue, celui du Nocturne 12 se démarque par la dramaturgie post-moderniste que nous avons voulue y insuffler. Dans cette œuvre, des accès de bouillonnement succèdent insidieusement à des épisodes de douceur réconfortante. Un grand écran dévoile des images étrangement synchronisées à la musique entendue. L’action du musicien sur les touches semble produire instantanément des cataclysmes dans le monde, le grand écran prenant quasiment la forme d’une caméra de surveillance permettant de monitorer son œuvre. La connexion entre la musique entendue et les images projetées renforce le côté “démiurge” de l’interprète, il en est presque comme une interprétation littérale, rendant cette musique on ne peut plus performative et actuelle.